La situation que nous allons décrire est purement fictive et il n’y a que peu de chances que ceci vous soit arrivé ou vous arrive à un moment ou à un autre de votre vie.
Voici la scène : c’est mercredi, il est 19h00, le petit dernier ne semble pas être dans son assiette. Lui qui est habituellement jovial s’est pratiquement endormi dans son souper.
Émilie: Je pense que Noah ne va pas bien.
Ghislain: Bien non, il va très bien. Il est un peu fatigué, c’est tout.
Émilie : Es-tu certain? Bof, tu as peut-être raison. Ne vaudrait-il mieux pas mesurer sa température juste pour se rassurer?
Ghislain : Chérie que j’aime, je crois vraiment qu’il n’est que fatigué. Une bonne nuit de sommeil devrait le remettre sur ses pieds.
Émilie : Tu as raison. Attendons au matin. Sait-on jamais?
Ghislain : À la bonne heure!
Au petit matin, après une nuit réparatrice, nous nous levons.
Émilie : Allons voir comment va Noah.
Ghislain : Ah, je suis convaincu qu’il est en pleine forme.
Émilie : Ah non! Je crois vraiment que Noah est malade. L’un de nous deux doit rester pour veiller sur lui.
Ghislain : Diantre! Tirons à pile ou face. Après tout, les conséquences seront limitées si l’un de nous deux doit s’absenter de son travail. Je suis tellement heureux que cela ne me génère aucun stress.
Émilie : J’ai une idée! Comme nous devons tous les deux respecter certains engagements aujourd’hui, exceptionnellement, nous pourrions nous diviser la journée en deux. Je vais au bureau ce matin et toi cette après-midi.
Ghislain : Chérie, je t’aime! Tu as une idée fantastique! J’abonde dans ce sens et ce sera à charge de revanche!
Et voici maintenant ce qui s’est VRAIMENT passé :
Émilie : Je pense que le petit est super malade. Il a l’air moche et il est tout brûlant.
Ghislain : F#$k! Yé malade.
Émilie : Merde, c’est sûr qu’il fait de la fièvre! Il fait au moins 102 Celsius. On devrait prendre sa température pour être certain.
Ghislain : Ça donne rien. On va juste faire fondre le thermomètre pour rien. Je vais chercher le Tempra puis on verra demain.
Émilie : Faut qu’il aille mieux demain… j’ai plein de choses à faire au bureau et je ne peux pas attendre le médecin 4 heures.
Ghislain : Moi aussi je suis dans la m…
Après avoir passé une nuit à regarder le plafond tout en essayant de trouver une solution et le meilleur argument pour que l’autre manque une journée de travail :
Émilie : Je n’ai pas dormi de la nuit et chaque fois que je me suis levée, je suis allée le voir et il était encore chaud. J’ai tellement une grosse journée aujourd’hui…
Ghislain : F#$k! Yé malade.
Émilie : OK, j’ai trois réunions ce matin que je ne peux pas annuler. Il y a 50 % de la compagnie qui vient à cette réunion et qui ont tout bougé pour que ce soit aujourd’hui.
Ghislain : OK, donc, vous allez être 5. Who cares!? Moi aussi j’ai plein de choses à faire puis, je te rappelle, que moi je gère 50 personnes, donc dix fois plus. Pis je n’ai pas mon laptop, je ne peux pas travailler de la maison. Et à part de ça la dernière fois c’est moi qui suis resté.
Émilie : Je comprends, mais je ne peux pas manquer. Va chercher ton laptop, voyons, ton bureau est à 2 minutes d’ici, moi je traverse un pont. Puis on va être 8 en passant.
Ghislain : OK, mais moi non plus je ne peux pas m’absenter.
Émilie : Non, mais faut que l’on trouve une solution, MAINTENANT!
Un silence de mort s’ensuit pendant lesquelles on regarde le plafond comme si la solution était cachée entre la couche de peinture et de primer.
Ghislain : Je l’ai! On va le déguiser en enfant en santé et on le débarque à la garderie! Un bain de glace pour faire descendre la fièvre puis l’affaire est ketchup! Le temps qu’ils se rendent compte de ça à la garderie, la journée va avoir passée.
Émilie : Té con.
Ghislain : C’est vrai. On n’a pas de glace.
Émilie : Té vraiment con. Pis c’est toujours moi qui dois trouver les solutions « acceptables ». Je suis tannée…
Émilie : Regarde, je le sais que la dernière fois c’est toi qui es resté, mais je suis vraiment coincée. Reste ce matin, va chercher ton laptop au bureau puis je t’en devrai une.
Ghislain : OK, je vais faire quelques appels, je ramasse mon laptop, mais à midi il faut que tu sois ici et moi je décolle. Eh oui, tu vas m’en devoir une, remboursable en tout temps comme ça me tente.
Finalement, après quelques autres lignes que nous allons vous épargner, nous avons mis en exécution notre plan : 50 % / 50 %. Un plan juste et ce, même si un de nous à un travail « plus important ». Nous avons réalisé que la clé du succès est d’établir qui s’absente, non pas en fonction du statut hiérarchique au travail, mais plutôt selon l’engagement présent face à nos employeurs respectifs. Le but est de ne pas dénigrer l‘autre et mettre tout sur les épaules de la personne qui a en apparence moins de responsabilités au travail.
Ce sera toujours un mauvais moment pour s’absenter du travail. Heureusement, il est toujours très plaisant de prendre soin de nos enfants. Les cajoler, les réchauffer et les réconforter avec une grande doudou, de la soupe Lipton et des grilled cheese. Quel plaisir!