Il est vendredi soir 22 h. Nous sommes couchés et exténués. Le matériel de camping est « paqueté », non pas dans notre belle Mazda sport comme dans le bon vieux temps, mais dans notre Minivan, signe indéniable que nous avons franchi une nouvelle étape. Pour ne pas nous sentir trop « famille », nous appelons notre Van un Camion. C’est bon pour l’égo de papa. Bon, OK, papa se raconte des histoires, mais si ça ne fait pas mal à personne…
Donc, dans le camion, plein, nous nous disons que nous avons possiblement trop de choses. No kidding : les quatre camions, les dix jouets de sable, la tente à huit (on est quatre après tout, c’est donc logique d’avoir une tente à huit), les cinq sacs de couchage, les quatre petites couvertes, la glacière, le vélo du plus vieux, la poussette du plus jeune et la tente miniature en forme de camion de pompier sont hyper primordiaux ! Sans oublier les vêtements et les trois paires de souliers par personne… Si on calcule bien, pour notre famille c’est 12 paires de souliers (bottes x quatre, sandales x quatre, souliers x quatre). Un mille-pattes serait perdu chez nous.
Demain, 7h, nous quittons pour un weekend de camping.
Au lever, tout va très bien. Les enfants coopèrent et sont excités de partir en camping. La joie est à son comble. Le coït total : un thermos plein de café pour la route. Il est tôt et il n’y a pas juste le camion qui a besoin d’essence, les parents aussi.
En auto, Nathan répète 20 fois : «Maman, il est où le camping ? Papa, il est où le camping ?» Le « Are we there yet? » bat son plein. Ça y est, papa a la nuque qui lui fait mal et les épaules qui se crispent. Maman serre les dents. Il y a juste un peu d’air qui passe. Le plus petit ne parle pas, donc, il crie parce que son grand frère tire sur son « dodo ». Ah ! le dodo, jamais sans lui. Ledit dodo est une méga grande couverte franchement hivernale qui fait contraste à la saison.
Après 30 minutes, c’est la panne sèche de café goulûment avalé pour boire nos émotions. Allons-nous survivre à ce périple de 3 heures ? Sans compter qu’à l’arrivée, il faut faire l’épicerie, monter le camp, faire manger les enfants, les crémer abondamment contre le soleil et les mouches à chevreuil. Un tout inclus à Cuba semble soudainement plus attrayant.
Après une heure et demie de chansons plus ou moins sur la note, on arrive aux douanes. Même si nous n’avons rien à se reprocher, nous nous sentons comme si nous transportions huit kilos de drogues et deux caisses de dynamite. Le cauchemar, ce serait qu’un enfant dise LA chose qui fasse péter un plomb à un douanier. Dans notre tête à ce moment-là, le scénario catastrophe c’est qu’un enfant pleure et qu’ils nous expédient à Guantanamo pour cause de mauvais parents. Et là, le moment magique, on s’arrête à la cabine :
Douanier : Good morning, where are you going?
Papa : New York State.
Nathan : Maman c’est une POLICE!!!! COOL!!! Mais pourquoi il nous demande plein de questions…Haaaa papa il parle anglais comme Judy (son éducatrice) !
Papa ne peut prononcer un mot, il sue à grosses gouttes et il imagine se faire vider le camion !
Douanier : Hey, he’s cute. What’s the purpose of your trip and how long are you staying?
Maman se dit que finalement on ne va peut-être pas aller en prison s’il nous trouve cutes.
Papa : Where going on a camping trip for three days, coming back on Sunday.
Nathan : YES On va en camping !
Douanier : Ok little fella enjoy your trip!
Nathan : Pourquoi il parle en anglais ? Est-ce qu’il a un fusil ?
Papa pèse sur le gaz…mais pas trop.
Après toutes ces émotions, nous arrivons à l’épicerie. Tout à coup, les enfants deviennent des bêtes à cornes en ce sol américain. Court partout, touche à tout. Rien ne peut les arrêter. Beauté de la chose, comme on est loin de la maison, on peut se fâcher en français et ça ne paraît pas du tout, sauf dans l’expression faciale et la veine du front qui sort un ti peu. Arrivés à la caisse, c’est la guerre de qui met les trucs sur le tapis. Tous les enfants veulent le faire, mais il y a juste papa ou maman qui va sortir sa carte pour payer par exemple !
Finalement, nous arrivons au campement avec nos amis : un endroit superbe, entouré d’arbres. De notre site, nous voyons à peine nos voisins. Le RÊVE ! Les enfants nous aident à la tâche ! Oh My God ! C’est génial ! Ça doit être l’air des États-Unis ! Nous nous enfilons un repas vite fait et c’est l’heure de la sieste. Le grand air fait son œuvre et les enfants dorment comme des roches.
Arrive le milieu de l’après-midi, tout le monde est reposé. On se dirige vers la plage ! Wow ! C’est tellement beau ! Nathan veut tester sa canne à pêche avec son ami. Après quelques lancés peu convaincants, il découvre un petit truc qui facilite son mouvement. Noah joue dans le sable. Comme tout bon petit gars, il est déjà tout sale et lance des cailloux dans l’eau. Il rit à voir l’eau éclabousser à chaque lancé. De les voir découvrir le monde et s’émerveiller devant les plaisirs simples est fascinant et rassurant. Pas besoin d’une manette ou d’une tablette pour avoir du plaisir, même en 2015. Encore moins de réseaux WiFi. En fait, surtout sans réseau WiFi.
Arrive l’heure du souper. Papa, a.k.a., chef Cro-Magnon, domine le feu et cuisinera un souper entièrement sur la braise. Les enfants se dépêchent de manger, car ils savent ce qui vient après le souper : les guimauves sur le feu !
Puis vers 21h, les enfants sont exténués, mais d’une belle fatigue. Ils s’endorment rapidement dans leur sac de couchage. Pendant ce temps, on retourne devant le feu. Le temps d’un instant, on redevient des ados et on déconne avec nos amis ! Le stress est au plus bas. La nuque se décrispe. Les épaules redescendent sous les oreilles. On discute, on réinvente le monde, on planifie nos prochaines vacances. On a le temps de faire du pain sur le feu (merci à notre ami Mauricio) ou bien des pétoncles cinq étoiles (merci à notre ami Marco). On boit du bon vin, de la bonne bière.
Qui se lève demain pour les enfants ? On est ici deux soirs, donc chacun son tour. Demain matin, c’est papa qui se lève et après-demain c’est maman. La fête continue ! Selon certains standards, nous sommes trop vieux pour manger des guimauves ou des smores. Mais pas ce soir, car en camping, nous aussi, nous sommes des enfants.
Puis, lorsque nous sommes envahis par la fatigue, c’est le dodo. Maman ne dort presque pas par peur du froid pour ses petits oursons…mais il fait 15 degrés Celsius ! Les enfants ont deux « momies » et la totalité des couvertes de la maison. On a même acheté des patous et des mitous. Bref, il y a des ours polaires qui sont moins équipés que nos oursons. Les chances sont qu’ils vont passer la nuit.
Le lendemain, la tête fait « petit gros, petit gros », mais ce n’est pas grave, car hier, nous avons vécu un moment inoubliable avec les enfants et les amis et aujourd’hui, ce le sera tout autant !
Donc, «Le camping en famille : stress ou relaxation ?». Nous répondons 20 % de stress pour gagner 80 % de relaxation. On y gagne toujours.